jeudi 29 janvier 2009

Paru dans l'Est-eclair

Vous venez de sortir un livre qui est une sacrée leçon d'optimisme pour les jeunes d'aujourd'hui ?« Ce livre, c'est avant tout le témoignage de quarante-deux années passées dans le milieu de l'automobile. C'est aussi un message d'espoir pour les jeunes qui se posent beaucoup de questions dans un contexte économique difficile. J'ai voulu témoigner qu'avec beaucoup de persévérance, on pouvait également y arriver à condition de montrer son envie et sa volonté d'aller de l'avant. Lorsque j'ai embauché du monde chez Citroën Sports, je n'ai pas toujours privilégié les diplômés. Un autodidacte volontaire possède à mes yeux autant de qualité sinon plus. »De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui ?« Incontestablement de ma carrière au sein de Citroën Sports car ça ne concernait pas que moi. Nous partagions les bons et les mauvais moments ensemble. Mais quelle satisfaction, au lendemain d'une victoire, de recevoir des fax ou des mails de félicitations à partager avec l'équipe. Sur le plan émotionnel, c'est très fort car les lauriers reviennent à la marque.« Mes années de pilote restent un excellent souvenir et un grand moment de ma vie mais ce n'est pas tout à fait pareil car on se montre beaucoup plus égoïste. La victoire est plus individuelle, c'est toute la nuance avec un succès d'équipe. »Le monde automobile traverse une crise grave. Subaru puis Suzuki viennent de se retirer du Championnat du monde WRC des rallyes. Quel avenir lui voyez-vous ?« J'ai tiré la sonnette d'alarme avant de quitter mon poste à la fin de 2007 mais ça fait un moment que le WRC commençait à perdre de la vitesse. Imaginez-vous, sur le Monte-Carlo en 2002, dix-neuf voitures constructeurs étaient engagées. Au dernier rallye d'Irlande, seulement quatre. Il faut obligatoirement réduire les coûts de manière drastique et surtout prendre en compte l'environnement. Les futures voitures engagées dans la compétition devront émettre beaucoup moins de CO2 avec une recette applicable par la suite aux voitures de série. Le sport doit devenir un vecteur incontournable dans la lutte contre l'émission de CO2. »Vous ne pensez pas que Subaru ou Suzuki ont renoncé à la compétition parce que Citroën était trop fort et gagnait tout ?« Contrairement à Citroën qui fabrique ses châssis et ses moteurs, des équipes comme Subaru et Suzuki sous-traitent leur secteur compétition. Et je peux vous dire que ça leur revient très, très cher. Aujourd'hui, la crise est bien présente et certaines marques n'ont plus forcément les moyens de se lancer dans le WRC. »La crise automobile peut-elle avoir raison du monde de la compétition ?« Je ne crois pas mais il faut revoir aujourd'hui beaucoup de choses. Je vous ai parlé d'environnement, de réduction des coûts. Il faut que la compétition revienne moins cher à tous les niveaux. »Pensez-vous qu'aujourd'hui on puisse refaire un parcours comme le vôtre ?« Si on en a la volonté, j'en suis persuadé. Il ne faut pas hésiter à se remettre en question, à

Publicitéfaire des choix et surtout à croire en soi. Si vous êtes régulier dans la vie, il n'y a pas de raison que la roue ne tourne pas en votre faveur un jour ou l'autre. »Quels conseils donneriez-vous aujourd'hui à un jeune qui veut se lancer dans la compétition ?« Je lui dirais simplement de démarrer dans une formule Promotion qui est une excellente école pour approcher la compétition et de montrer ce qu'il sait faire. Ensuite, de rester humble, d'être capable de se remettre en question à tout moment, d'analyser ses erreurs, de faire son autocritique et surtout de ne pas se chercher d'excuses. À partir de cette base, on peut commencer à évoluer dans le bon sens et à progresser.»Vous avez découvert Sébastien Loeb. Pensiez-vous qu'il se bâtirait un tel palmarès ?« C'était très difficile de savoir à l'époque qu'il deviendrait le champion qu'il est aujourd'hui. Il montrait de grandes dispositions et possédait un réel potentiel. Lorsque je l'ai découvert, je lui ai dit « Si tu m'écoutes, on peut faire un bon bout de chemin ensemble. »« Sébastien est un garçon qui a la tête sur les épaules, qui travaille beaucoup et qui a une grande intelligence de course. Et pour ne rien gâter, il est d'un calme olympien dans toutes les circonstances et notamment quand ça se passe mal. Ça, c'est la marque des grands champions de résister à la pression et de pas se laisser emporter au moindre élément contraire. À ce niveau, il est vraiment exceptionnel. Il sait écouter et il a énormément progressé au contact de certains pilotes qui sont passés par l'écurie Citroën. Garçon intelligent, il a su réussir l'amalgame mais il a aussi, reconnaissons-le, un talent exceptionnel au point de se bâtir un palmarès qui n'est pas près d'être battu. C'est un grand monsieur de la course automobile. »Vous avez pris votre retraite fin 2007. Comment occupez-vous votre temps ?« L'écriture de mon livre m'a pris pas mal de temps. Aujourd'hui, je suis très sollicité pour en assurer la promotion et les ventes sont plutôt bonnes. Sinon, il y a une douzaine d'années, je me suis pris de passion pour le parapente et depuis trois ans, j'effectue régulièrement des vols à partir de sommets qui culminent à 3 000 ou 4 000 mètres. Je suis allé en Équateur, en Bolivie et l'année dernière au Mexique. Cette année, je compte me rendre au Pérou où j'ai programmé dans la deuxième quinzaine de mai quatre sommets à plus de 5 000 mètres et un à 6 200 mètres. Je monte avec mon matériel sur le dos et je me lance. Les sensations sont très fortes. Mais je mesure le risque encouru. La montagne a ses règles et ses exigences. Il faut prendre un maximum de précautions et mettre tous les atouts de son côté. Mais quel bonheur… »Interview : François POMARÈDE« Pilote de ma vie » par Guy Fréquelin aux éditions Calmann-Lévy (18 €)Né en Haute-Marne, Guy Fréquelin vient de sortir un livre «Pilote de ma vie» dans lequel il raconte comment un jeune garçon peut sortir du rang à force de volonté. Pilote hors pair, il a terminé sa carrière comme directeur de la compétition de Citroën qu'il a amené sur la plus haute marche du podium

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Qui êtes-vous ?

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Le Grizzly, je suis un ancien pilote de rallye français, né le 2 avril 1945 à Langres dans la Haute-Marne. Vice-champion du monde des pilotes de rallye en 1981 sur Talbot Lotus (filiale de Peugeot) avec comme copilote Jean Todt. Patron de Citroën Sport en 1989, équipe que je mène aux titres de champion du monde des rallyes (WRC) constructeurs en 2003 , 2004 et 2005 et champion du monde des rallyes pilotes en 2004, 2005, 2006 et 2007, avec Sébastien Loeb. Le 9 novembre 2007, j'annonce ma retraite à l'issue de la saison 2007, et suis remplacé par Olivier Quesnel. Le 07 janvier 2009 sortie de mon autobiographie : " Pilote de ma vie" aux éditions Calmann Levy